Rose Kennedy
Rose Kennedy, texte éponyme
Rose est seule face à son destin. Le refrain comme dans La Palmeraie est en rupture avec les couplets ; ils sont clamés par une autre voix que celle de Rose. Ils jouent la fonction de chœur ; ils représentent une pensée collective, et sert un commentaire (ou une conclusion dans la Palmeraie) ; bref, ici le refrain se concentre sur Rose et renforce le caractère élégiaque du texte. « Les uns et les autres ont fui …Les nuits sont longues pour Rose Kennedy ». Rose semble traverser la longue épreuve de la « nuit de la foi », à savoir des questionnements internes en matière de foi : « Où sont-ils passés ? ». Même si elle considère la mort comme une entrée dans la plénitude d’une vie nouvelle auprès de Dieu, la solitude et les questionnements subsistent. Puis la confession s’installe dans un climat chargé de mystère : « le soleil, les embruns et la nuit » sont convoqués ; « l’horizon…est sans fin » revêt un caractère exceptionnel et signifie que les autres jours, l’horizon pour Rose trouve une fin c’est-à-dire un point de jonction entre l’ici-bas et l’au-delà. Cet aspect illimité invite Rose à s’ouvrir aux profondeurs de son intimité et l’introspection peut commencer : « J’ai vu ma vie défiler ». (Dans Sous le soleil du mois d’août, l’existence est représentée sous l’image d’un bateau ivre dans la tempête. L’ivresse, au sens figuré indique, l’exaltation, le trouble voire l’égarement ; la tempête est tout ce qui voile la transparence originelle : « l’ombre du début ». Le bateau dans la tempête est un symbole souvent repris par les Romantiques et notamment par G.D.Friedrich pour incarner l’âme chrétienne traversant l’horizon métaphysique. « Libre/De finir le livre/Où il s’arrête » : cette liberté est toute relative si l’on en croit Lamartine : « le livre de la vie est le livre suprême qu’on ne peut ni fermer, ni rouvrir à son choix… ». S’agit-il de la liberté d’indifférence mais pris au sens le plus positif : faculté à l’homme de se déterminer par lui-même face aux difficultés, aux épreuves : « plage, page », face à l’approche de la mort : « la pente » ?)
C’est incroyable de constater autant de richesses et autant de charges symboliques dans autant de textes. Le second couplet de Rose Kennedy aborde son mariage et ses neuf enfants. Puis le troisième couplet relate la mort tragique des deux ainés et fait ressentir une résignation face aux drames qui feront le sujet de deux autres textes : La dernière heure du dernier jour et Soixante-douze trombones avant la parade que nous allons aborder. Alors, tournons la page...