les cerfs-volants
Les cerfs-volants renvoie à l’image d’un paradis sur terre.
La structure du texte est différente des autres; les vers coulent librement comme le temps qui passe ; ils ne sont pas enfermés dans un couplet et un refrain. La chanson paraît sans fin. Dans mon précédent blog, j’ai abordé la notion du cadre serein, maitrisé ; aujourd’hui, je voudrai parler de cette obsession de vouloir contrôler le temps comme le souligne le polyptote « A mesure…je mesure » et le substantif « aulne ». « A mesure » signifie : en même temps que, et marque une correspondance entre le temps de l’horloge et le sujet; « je mesure » marque l’éveil de la conscience qui déjà choisit l’action à la soumission. « Je mesure … » signifie au sens transitif évaluer, calculer mais peut-être entendu aussi comme modérer, tempérer et soutiendrait l’idée d’agir sur l’horloge. « Et tandis que l’eau s’étend jusqu’à l’autre bout de l’étang » : la conjonction « tandis que » reprend la simultanéité et à l’eau vive qui s’écoule, symbolisant le temps qui passe inéluctablement, répond l’action du sujet « je regarde »; il prend conscience d’une vérité universelle : le soleil d’hier revient tous les jours. Un parallèle est établi entre le soleil et le sujet comme l’indique les constructions similaires :
A l’aulne, à l’orée du jour/Le soleil sera de retour
A la lisière du torrent/J’irai m’asseoir sur un banc
A l’aulne porte deux notions de mesure : aune ou aulne était un bâton qui servait au mesurage et signifie aussi en mesurant par rapport à et renforce la comparaison soleil/individu qui se situent tous les deux dans un hors champs : « à l’orée du jour, à la lisière du torrent ». Un torrent se définit comme une eau au débit très rapide et renvoie ainsi à l’accélération du temps or l’individu voudrait poser son campement dans un endroit suspendu et doit donc être en conflit avec non seulement son propre écoulement du temps, c’est-à-dire sa propre histoire mais aussi et surtout avec l’Histoire. Un certain ressentiment se détache avec l’emploi de « en dépit » et du rythme ternaire qui sert à relater de grandes périodes historiques ayant eu de multiples répercussions capitales dans le monde développé. Les « années noires » renvoient au Krach de 1929 et à ses conséquences catastrophiques, « les années folles » recouvrent la période de 1920 à 1929 et les « heures de gloire », celle de 1945 à 1973. Ensuite sont énumérées des prédications « on ira faire un tour de barque », « on ira déjeuner », « on s’embrassera ». On a laissé l’action pour une contemplation quasi-mystique puisque ce futur annoncé semble être une résurgence d’un passé, « il y a longtemps ». L’homme s’arroge le pouvoir de rendre les instants heureux éternels ; il est comme le soleil, un souverain immortel, un dresseur d’éternité. Cette chanson amorce d’une certaine façon « Regarder la lumière ». Le texte se clôt avec Marylin Monroe-une des maîtresses de J.F.K.- chantant La rivière sans retour. A moi désormais de vous entraîner sur un radeau afin de vous conduire tout près de La Palmeraie...A très bientôt!