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B.BIOLAY ou le grand NON du prêt-à-chanter!
2 août 2012

Rose Kennedy: introduction

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                                                            Rose Kennedy

                         

 

Ce premier album, comme l’indique son titre, évoque la grande famille Kennedy ; Rose incarne l’emblème suprême et l’autorité de ce clan. Ces membres ont le désagrément d’appartenir davantage à une tragédie qu’à une dynastie. Ils appartiennent au pouvoir, ils sont illustres mais sont voués au malheur, car ils semblent aux prises des griffes acérées d’une volonté supérieure. La mort précipitée est le sort assigné aux hommes. C’est sans doute la raison pour laquelle l’album prend souvent des caractéristiques d’une pièce de théâtre lorsque surtout sont rapportés les monologues de ces « héros ». D'ailleurs, cette famille où s’entremêlent les passions amoureuses et tumultueuses, où l’univers baigne dans la cruauté des drames, est, ma foi, digne d’une tragédie. Un certain nombre de chansons se rapportent explicitement à Rose et à ses deux fils aînés. Un texte, de mon point de vue, semble avoir du mal toutefois à se positionner et son caractère particulièrement complexe me donnerait presque envie de le rattacher à l’album A l’ origine ; il s’agit de Sous le soleil du mois d’août. Dans  Quelque part entre Rose Kennedy et La Superbe , je me suis focalisée sur l’aspect symbolique de l’ombre qui m’a conduite à renoncer, fort naïvement, à l’expression suivante « vivre dans l’ombre de quelqu’un », c’est-à-dire vivre dans l’entourage et la dépendance de quelqu’un. Si l’on s’arrête à cette définition, alors on découvre ici trois identités dont la prédominante brillerait sous le soleil du mois d’août ; mais pourquoi ce mois-ci et pourquoi ce titre? On sait que Rose est une fervente catholique et août est le mois du cœur immaculé de Marie, lui-même uni au Sacré-Cœur du Christ, qui, ici, serait symbolisé alors par« le soleil ». Par extension, je ferais bien ainsi sortir de l’ombre : Jésus, Rose : « une ombre » et le prêtre qui prêche la bonne parole : « l’ombre qui vit dans votre ombre m’a tellement parlé de vous ». La chanson  serait ainsi à classer du côté des confessions de Rose et de son affiliation religieuse. J’ajouterai que le respect pour sa piété est nettement rendu dans l’album, notamment dans la manière sereine d’évoquer la mort. Mais je reviendrai ultérieurement sur ces points.

Ces textes que je qualifierais de « puritains » en côtoient d’autres qui seraient, quant à eux, davantage « païens ». Faut-il considérer alors la famille Kennedy, comme une allégorie de la tragédie humaine ? Tragédie qui est la trame des albums d’où éclatent sans cesse les thèmes du temps qui passe, de l’ennui, des désillusions, des déceptions amoureuses, de la jalousie… Outre Dallas, le fléau a lieu « quelque part sur terre » car partout on croise son chemin ; l’homme est en danger du fait de sa naissance dorée ou pas; naître c’est déjà mourir, « c’est toujours le même film qui passe », « chacun se bâtit son futur/et va de ratés en ratures ». L’existence est une mouvance contrôlée, que l’on se déplace sur l’échiquier de la Maison Blanche ou d’un pavillon. Les lieux renferment un aspect inquiétant. D’emblée, l’album nous plonge dans un univers fort délimité, tel le lieu de prédilection pour les tragédies, lieu qui pousse à vouloir fuir : « un pavillon de brique du lierre ». Le champ lexical de l’emprisonnement est redondant : « impasse, toute l’année »  et se retrouve dans tout l’album : « dans votre ombre », « sous le soleil du mois d’août », « dans les cèdres, sous l’azur, dans la plaine ». Le moi est enfermé dans un huis clos : dans un novembre éternel (mois où J.F.K. fut assassiné », dans un « va-et vient » perpétuel, dans les nuits longues. Pour renforcer cet état de claustration, sont convoqués parallèlement des paysages extérieurs se composant de tout ce qui permettrait, à l’inverse, de s’esquiver: le large, l’eau, la mer du Nord, un sous-marin, l’autre rive, la Palmeraie, la mer, les vagues et ses rouleaux, la côte, un voilier, un yacht. L’existence d’un ailleurs est envisageable. Le problème est de savoir quand il sera possible d’y accéder car on remarque que le rapport au temps est fort complexe. On rencontre un âge d’or qui se rapporte au passé et à une perception du futur ; le présent ressemble quant à lui à un novembre perpétuel ou à une période de vengeance, de mensonge « comme c’est dommage, je m’en vais-je mens » (l’homophonie n’est pas anodine). Le présent n’est que déception : « les roses et les promesses/Un beau jour se fanent » et tout ceci se confirme plus loin dans La Palmeraie, à l’approche de la mort : « les roses ont fané/Les promesses oubliées ». Dans un été sur la côte, la vie est belle mais « l’amour indicible est certes périssable »…

La vue d’ensemble étant achevée, je vais m’approcher de plus près des textes, les décortiquer en m’attardant sur la métrique, les rimes, le lexique et la syntaxe et voir comment leur cohérence ou leur rupture va traiter cette tragédie.  Rose Kennedy est l’album que j’ai très peu abordé dans Quelque part entre R.Kennedy et La Superbe, aussi, j’ai voulu  rattraper cette injustice en étudiant les textes de façon quasi-linéaire (il en sera différemment  pour les autres albums déjà largement évoqués dans le précédent blog). Pour ce premier album, je commencerai par le texte d’ouverture auquel je joindrai La monotonie et L’observatoire.

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  • Sur les traces de la poésie transcendante de B.Biolay à travers l'écho de son orchestration de la métrique, des rimes, de la syntaxe et du lexique. Carnet de bord fantaisiste sur la richesse de ses textes et de leurs trésors enfouis.
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