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B.BIOLAY ou le grand NON du prêt-à-chanter!

15 août 2012

La dernière heure du dernier jour et soixante-douze trombones avant la grande parade

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Rose kennedy, suite et fin!

 

 

La dernière heure du dernier jour est digne d’une épopée. Le héro central est le frère ainé de J.F.K. qui doit accomplir un véritable exploit pour servir le destin de sa nation lors d’une mission expérimental, à bord de son Libérator bourré d’explosifs ; moins d’une heure après son décollage, il explosera avant d’évacuer, son avion, comme prévu. L’exercice était périlleux et au moment où il devait s’éjecter, le pilote et le copilote n’étaient déjà plus aux commandes de la bombe volante. Son père l’avait programmé pour devenir président des Etats-Unis. (Le drame changera le destin de J.F.K qui a dû vivre sa vie et celle de son frère). Le personnage se trouve d’emblée grandi. Au moment de mourir, au lieu de ressentir de la peur, son cœur se tourne vers ses proches. La réalité historique s’efface devant le merveilleux et on y croit. L’enthousiasme l’emporte sur la raison. L’atmosphère est chargée de mystère et nous éloigne de l’horreur réel. Le calme apparent « cervidés lézardent » est toutefois rendu inquiétant par l’expression : « le soleil se farde ». La fin tragique est grandie par l’image de l’horizon « qui glisse dans les hélices ». Le second couplet nous plonge un peu plus dans le merveilleux car le monologue se poursuit dans la mort ; la religion est partout : l’obscurité puis la lumière et le retour à la poussière. Toutefois, si l’on met de côté la foi religieuse, on pourrait détacher la brutalité de l’accident et le caractère violent de la mort : cette mort qui lui arrache ses souvenirs « je n’ai même pas vu ma vie », cette mort qui entraîne une douleur physique « j’ai senti les récifs ». « J’ai vu la lumière » se justifierait par le feu de l’explosion ; « je retourne à la poussière », en dehors de sa portée religieuse, pourrait renvoyer à la destruction brutale par les flammes sans possibilité de retrouver le corps devenu des cendres parmi la poussière ; « le glas » serait ce que le héro percevrait en dernier ; « Là-bas à Boston » supposerait qu’il resterait seul loin des siens. Ces visions, sans justification religieuse, s’échapperaient d’une mise en scène sanglante et cruelle. Mais revenons à l’aspect mystique et épique. Comme le héro de l’épopée, il fait ce que le cœur et non la raison lui dicte et il nous plonge dans l’atmosphère pieuse de l’oraison que lui-même prononcerait pour sa propre mort. Il demeure grandi jusque dans le refrain. Le courage est d’abord appelé : « Haut les cœurs » puis c’est au tour de la force puisée dans la religion : « Oh Jésus que ma joie demeure » (serait-ce un hommage à la cantate religieuse de Bach ? J’ai remarqué que beaucoup de vers reprennent des titres de film ou de chanson: un été en pente douce, que ma joie demeure, la mélodie du bonheur, demande à la poussière, péril en la demeure, ma saison préférée, la ballade du mois de…). Puis le défunt convoque le fils de Dieu, Le Père et par analogie son père puis l’Esprit-Saint. La trilogie sacrée est rappelée en invoquant Marie à la Trinité (un pater et trois Ave) ; l’Angélus ou les trois Ave est la promesse d’une grâce et celle du baptême sous la protection de la Mère de l’église. Il s’est préparé à cette seconde vie et la peur n’aura aucune prise sur lui au moment de mourir : «C’est ma dernière chance/De tirer ma révérence/Et sans même baisser les yeux/Dans mon Liberator en feu ». Les mots vont puiser leur richesse de leur polysémie même: « chance »  peut retrouver sa définition originelle : celle de l’ancien français, chéance qui signifie « façon de tomber » ; « chance » peut aussi désigner la fortune et ainsi supposer le dernier coup du destin, la dernière volonté de Dieu. « Révérence » nous renvoie dans ce contexte aussi bien à la notion de vénération qu’au geste d’inflexion ; mais face à sa bravoure, sa foi et son humilité, on serait tenté de lui accorder le titre d’honneur de révérence de certains religieux. Enfin, la litote « la dernière heure du dernier jour » nous renvoie à l’instant crucial entre 17H52, heure de décollage et 18H20, heure de l’explosion. L’euphémisme atténue le caractère périlleux du projet et épargne notre sensibilité. Le texte s’achève sur la grandeur morale du héro ; « à la bonne heure » : malgré tout le danger que le projet suppose, il le considère comme utile et conforme au devoir à accomplir ; puis « à nos amours/Faites qu’ils durent qu’ils durent toujours » : son dernier souhait se tourne vers les autres et son désir altruiste d’accomplir le bien (la pronominalisation au masculin pluriel d’« amours» sert peut-être à lui enlever tout aspect charnel et passionnel du féminin-pluriel ?). La répétition de « durer » amplifie son vœu et renforce sa bienveillance. Finalement, on adhère juste sans se poser de question, on s’incline devant la noblesse du héros un peu comme si l’on était le spectateur d’une pièce et l’auditeur d’un troublant monologue. Ce sera encore le cas dans 72 heures avant la parade où le personnage n’est autre que J.F.K. et l’on va de ce pas voir comment B.Biolay a su décrire une personnalité complètement différente devant une situation identique. Il a su par la structure du texte, par le choix des mots nous amener à percevoir une nouvelle identité. Son écriture est travaillée dans les moindres détails.

 

 Contrairement à La dernière heure…, ce texte est d’une extrême concision et le refrain ne reprend que le titre. Le personnage exposé, quand à lui, se farde de certains traits du héro du drame romantique. En effet, il devrait posséder toutes les caractéristiques d’un surhomme dû à ses fonctions de Président conférant d’office des aptitudes complètes : pensée et action, mais l’absence de verbes conjugués dans le texte prouve qu’il n’est à l’origine d’aucune action ; les infinitifs « tendre », « se douter de rien », « laisser les autres faire » font de lui un personnage passif. C’est à la fois un héros et un antihéros ; c’est un homme puissant doté de faiblesses. Il est président mais aussi très proche du peuple : « tendre les mains », par contre, il manque de philanthropie à l’égard de ses proches et l’attention portée à son épouse se résume à « sois belle et souris » ; le dernier regard pour son « faire-valoir »- si regard il a porté sur elle -s’est arrêté sur l’image que le monde entier, quant à lui, a bien vu : le tailleur Chanel rose (éclaboussé de sang qu’elle gardera devant les caméras). Enfin, la religion ne semble pas avoir de prises sur lui ; (d’après le patriarche de la famille, la religion est affaires de femmes ; les hommes ont le devoir de s’en écarter pour arriver à leurs fins). Aussi, on ne parle plus de destin, de « bonne heure » choisie par Dieu mais de hasard loin de toute expérience spirituelle subjective. L’itinéraire a été modifié soixante-douze heures avant la parade ; le refrain semble sous-entendre que le coup de dé fut jeté à ce moment-là: « un virage à droite et l’histoire dérape ». La mort déjà pressentie dans « à tombeau ouvert » est abordée différemment et se résume juste à « et j’ai quitté la terre ». Le texte s’arrête là ; le vide semble l’avoir emporté. Le personnage n’évoque pas les coups de feu comme s’il n’avait pas su pourquoi il avait succombé ; la concision du texte semble saisir la rapidité des faits.

 

 

 

Ce que l’on pourrait retenir de l’album, ce serait une écriture sans fioriture, une structure équilibrée dans un ensemble apparemment épuré mais d’une grande richesse en profondeur. En véritable chef d’orchestre, B.Biolay a su coordonner la métrique, les rimes, la syntaxe et le lexique ; il a su jouer avec l’homophonie et la polysémie. Il a su enfin nous sensibiliser à différents registres. On va-et-vient entre la monotonie léthargique et la contemplation mystique, entre le lyrisme et l’épopée…Musique, couplets, refrains glissent de façon monocorde. On s’est retrouvé  le temps d’un instant dans une ambiance des années trente, dans celle d’une Amérique puritaine qui changera nettement de coloration dans Négatif. Déjà, Los Angeles semblait nous mettre en garde : « Prends un vallium/De la coke et trois lithium/C’est la routine… ».

 

 

A bientôt…

 

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15 août 2012

Rose Kennedy

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Rose Kennedy, texte éponyme

 

Rose est seule face à son destin. Le refrain comme dans La Palmeraie est en rupture avec les couplets ; ils sont clamés par une autre voix que celle de Rose. Ils jouent la fonction de chœur ; ils représentent une pensée collective, et sert un commentaire (ou une conclusion dans la Palmeraie) ; bref, ici le refrain se concentre sur Rose et renforce le caractère élégiaque du texte. « Les uns et les autres ont fui …Les nuits sont longues pour Rose Kennedy ». Rose semble traverser la longue épreuve de la « nuit de la foi »,  à savoir des questionnements internes en matière de foi : « Où sont-ils passés ? ». Même si elle considère la mort comme une entrée dans la plénitude d’une vie nouvelle auprès de Dieu, la solitude et les questionnements subsistent. Puis la confession s’installe dans un climat chargé de mystère : « le soleil, les embruns et la nuit » sont convoqués ; « l’horizon…est sans fin » revêt un caractère exceptionnel et signifie que les autres jours, l’horizon pour Rose trouve une fin c’est-à-dire un point de jonction entre l’ici-bas et l’au-delà. Cet aspect illimité invite Rose à s’ouvrir aux profondeurs de son intimité et l’introspection peut commencer : « J’ai vu ma vie défiler ». (Dans Sous le soleil du mois d’août, l’existence est représentée sous l’image d’un bateau ivre dans la tempête. L’ivresse, au sens figuré indique, l’exaltation, le trouble voire l’égarement ; la tempête est tout ce qui voile la transparence originelle : « l’ombre du début ». Le bateau dans la tempête est un symbole souvent repris par les Romantiques et notamment par G.D.Friedrich pour incarner l’âme chrétienne traversant l’horizon métaphysique. « Libre/De finir le livre/Où il s’arrête » : cette liberté est toute relative si l’on en croit Lamartine : « le livre de la vie est le livre suprême qu’on ne peut ni fermer, ni rouvrir à son choix… ». S’agit-il de la liberté d’indifférence mais pris au sens le plus positif : faculté à l’homme de se déterminer par lui-même face aux difficultés, aux épreuves : « plage, page », face à l’approche de la mort : « la pente » ?)

C’est incroyable de constater autant de richesses et autant de charges symboliques dans autant de textes. Le second couplet de Rose Kennedy aborde son mariage et ses neuf enfants. Puis le troisième couplet relate la mort tragique des deux ainés et fait ressentir une résignation face aux drames qui feront le sujet de deux autres textes : La dernière heure du dernier jour et Soixante-douze trombones avant la parade que nous allons aborder. Alors, tournons la page...

9 août 2012

La palmeraie:

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La palmeraie:

Je ne crois pas me tromper en rattachant cette chanson à Rose Kennedy et de considérer les couplets comme des stances. Dans la chanson éponyme, on retrouve cette forme-ci versifiée correspondant à un monologue ; les deux textes renferment deux confessions remplies de foi ; on est dans une poésie élégiaque (comme Sous le soleil du mois d’août, où les reprises en début et fin de vers favorise l’affliction ainsi que les images car tout se lit au sens figuré.).

La Palmeraie titille d’emblée notre curiosité car le référent rattaché au  titre est déjà porteur d’un puissant symbole. Les palmiers sont les arbres de la vie car ils proviennent du paradis. Il s’agit en quelque sorte d’une invocation à Dieu. « Si j’ai de la chance » sous-entend l’intervention du Divin qui dicterait le destin. Après on peut détacher deux interprétations une cartésienne et l’autre plus spirituelle. Soit on peut voir Rose désirant figer sa mémoire pour toujours dans le souvenir d’un événement heureux à savoir une danse avec son époux, et souhaitant ensuite vieillir dans leur résidence d’été, à Hyannis au Cap Code, et ce, jusqu’à sa mort :le calendrier froissé insinue que sa vie est déjà accomplie. Soit on voit Rose invoquant Dieu pour venir la chercher à sa mort afin que s’instaure la véritable amitié réciproque, incarnée par la danse et l’étreinte, pure invitation à la joie et à la paix ;  « en souvenir du passé » évoquerait les prières consacrées à Dieu. « L’obscurité pour l’éternité » renverrait à une représentation du noir après la mort ; de l’obscurité se lèverait un jour nouveau dans une vie nouvelle. Puis en glissant vers la lumière de « l’été », Rose atteindrait le purgatoire et son feu de purgation.  On noterait alors son désir de concrétiser le lieu et le temps de cette phase de transition car la conscience humaine collective recherche ces représentations. Le purgatoire prendrait ici l’aspect « d’une maison blanche » d’où l’on verrait des voiliers et rappellerait leur fief. Le temps, quand à lui, serait rendu palpable en introduisant un calendrier déjà écoulé. Rose ne serait plus dans le profane et pas encore dans le sacré.

 La chanson est composée comme ceci : deux couplets assez longs à l’allure de stances alternés d’un court refrain ; deux rimes se partagent la musicalité des mots : [é] et [anse] mais je m’attarderai sur les riches exceptions à savoir : « jours », « ciel », « hirondelles », « enceinte ». Les « jours » serait cette période de transition et déclencheraient une sorte de compte à rebours avant de voir le « ciel » et les « hirondelles » dans l’herbe blanche. La perspective donne une vue d’en haut lorsque le ciel devient ainsi le plancher du paradis. (On retrouve ces images : soleil, été, l’herbe tendre, dans Sous le soleil du mois d’août, et elles évoquent sereinement la mort " douce/la pente est douce". Dans 15 septembre, la vision n’est pas aussi mystique ! « devant la pente, je ne vois qu’un creux ».)Pour finir, le ciel est le symbole de la présence de Dieu. Les « hirondelles » symbolisent la résurrection, l’habitation dans la maison de Dieu ; enfin, l’ « enceinte » sert d’espace clos qui protège le paradis, lieu suspendu « aucun hiver et pas d’été ».

A très bientôt...

 

6 août 2012

les cerfs-volants

 

 

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Les cerfs-volants renvoie à l’image d’un paradis sur terre.

La structure du texte est différente des autres; les vers coulent librement comme le temps qui passe ; ils ne sont pas enfermés dans un couplet et un refrain. La chanson paraît sans fin. Dans mon précédent blog, j’ai abordé la notion du cadre serein, maitrisé ; aujourd’hui, je voudrai parler de cette obsession de vouloir contrôler le temps comme le souligne le polyptote « A mesure…je mesure » et le substantif « aulne ». « A mesure » signifie : en même temps que, et marque une correspondance entre le temps de l’horloge et le sujet; « je mesure » marque l’éveil de la conscience qui déjà choisit l’action à la soumission. « Je mesure … » signifie au sens transitif évaluer, calculer mais peut-être entendu aussi comme modérer, tempérer et soutiendrait l’idée d’agir sur l’horloge. « Et tandis que l’eau s’étend jusqu’à l’autre bout de l’étang » : la conjonction « tandis que » reprend la simultanéité et à l’eau vive qui s’écoule, symbolisant le temps qui passe inéluctablement, répond l’action du sujet « je regarde »;  il prend conscience d’une vérité universelle : le soleil d’hier revient tous les jours. Un parallèle est établi entre le soleil et le sujet comme l’indique les constructions similaires :

A l’aulne, à l’orée du jour/Le soleil sera de retour 

A la lisière du torrent/J’irai m’asseoir sur un banc

 A l’aulne porte deux notions de mesure : aune ou aulne était un bâton qui servait au mesurage et signifie aussi en mesurant par rapport à et renforce la comparaison soleil/individu qui se situent tous les deux dans un hors champs : « à l’orée du jour, à la lisière du torrent ». Un torrent se définit comme une eau au débit très rapide et renvoie ainsi à l’accélération du temps or l’individu voudrait poser son campement dans un endroit suspendu et doit donc être en conflit avec non seulement son propre écoulement du temps, c’est-à-dire sa propre histoire mais aussi et surtout avec l’Histoire. Un certain ressentiment se détache avec l’emploi de « en dépit » et du rythme ternaire qui sert à relater de grandes périodes historiques ayant eu de multiples répercussions capitales dans le monde développé. Les « années noires » renvoient au Krach de 1929 et à ses conséquences catastrophiques, « les années folles » recouvrent la période de 1920 à 1929 et les « heures de gloire », celle de 1945 à 1973. Ensuite sont énumérées des prédications « on ira faire un tour de barque », « on ira déjeuner », « on s’embrassera ». On a laissé l’action pour une contemplation quasi-mystique puisque ce futur annoncé semble être une résurgence d’un passé, « il y a longtemps ». L’homme s’arroge le pouvoir de rendre les instants heureux éternels ; il est comme le soleil, un souverain immortel, un dresseur d’éternité. Cette chanson amorce d’une certaine façon « Regarder la lumière ». Le texte se clôt avec Marylin Monroe-une des maîtresses de J.F.K.- chantant La rivière sans retour. A moi désormais de vous entraîner sur un radeau afin de vous conduire tout près de La Palmeraie...A très bientôt!

6 août 2012

La mélodie du bonheur, un été sur la côte et les joggers sur la plage

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La mélodie du bonheur est assez surprenante. Outre, le calque parfait couplet (8vers), refrain (7vers), couplet (8vers), refrain (7vers), le retour du même nombre de syllabes 66646664 et 8844444, se rajoutent les  rimes identiques dans les couplets et des homophonies à l’intérieur même des vers. Il y a juste un changement de rime dans le second refrain qui va faire glisser l’impression de légèreté vers une note plus pessimiste, celle « du temps qui passe qui fait danser la fille d’en face seule, hélas ».

Mais observons les surprenantes similitudes et essayons de découvrir leur intérêt :

 

1. C'est comme on avait dit                               C'est comme un peu de pluie
2. En fin d'après midi                                           Un coin de paradis

3. Un tuba, un tubiste                                          Un piano, un pianiste
4. Une chanson triste                                          Un tour de piste
5. C'est comme au bon vieux temps               C’est comme au bon vieux temps

6. Quand c'était mieux avant                             Quand c’était mieux avant

7. Une mélodie légère                                          Une mélodie légère
8..Un courant d'air                                                Un courant d’air

                                                                      

En 1, on a en commun « c’est comme », on a l’homophonie « on/un », et la rime « i ».

En 2, on a l’homophonie « en/un », et des assonances en « a » et « i » et des allitérations en « p, r, d » ; avec les lettres d’ « après-midi », on peut écrire l’anagramme « paradis » (en reprenant deux fois le « a »).

En 3, on a reprise du même vocabulaire : musicien et instrument de musique.

En 4, avec « tour de piste » on peut composer l’anagramme « triste ».

Puis les quatre derniers vers restent identiques dans les deux couplets et le refrain varie peu ; seule la chute est moins heureuse.

On peut déduire que ce calque révèle un désir de faciliter l’apprentissage du texte pour peut-être symboliquement s’approprier rapidement le bonheur ; 8 petits vers, c’est tout ce qu’il faut.  (Cette « mélodie légère », ce « bon vieux temps » nous remémore la célèbre comédie musicale « La mélodie du bonheur » et notamment « do, ré, mi » écrite en clin d’œil mnémotechniques, « 8 petites notes, c’est tout ce qu’il faut ».) Bref, le bonheur (chanté dans une forme épurée) répond à une définition très simple et sous-entend qu’il ne tient qu’à peu de chose ; il s’enveloppe dans l’air ambiant. A nous donc de le capter, de le saisir mais d’emblée, on a l’impression que le bonheur appartient au passé et qu’on n’a pas su le retenir « c’est comme au bon vieux temps quand c’était mieux avant ». Le passage du présent à l’imparfait nous attire vers  une période déjà écoulée. Dans Les joggers et Un été sur la côte, on sent le bonheur à porter de mains. Un décor s’installe: la mer en été qui n’est pas sans rappeler le cadre de la résidence d’été des Kennedy à Cap Code.

On retrouve une ossature équilibrée : couplet de 8 vers, refrain de 6 vers, couplet de 8 vers presque identiques aux 8 autres, refrain. Les rimes ne changent pas d’une strophe à l’autre ; les couplets par leur similitude ont les caractéristiques du refrain. (Dans cette chanson, la musique prépare l’entrée dans le refrain ce qui permet de mieux l’isoler). Le texte repose sur une grande fluidité métrique, d’une économie de vocabulaire et d’une syntaxe simple. On relève beaucoup de pléonasme : « loin d’être loin, le phare éclaire, pins sur le rivage, un sous marin au large, une bouée un naufrage, les joggers…courent» et confirme bien le vers suivant : « aucun mystère ». L’ensemble renforce cet état de sérénité ; tout est parfaitement à sa place et l’absence quasi-totale de verbes détruit toute possibilité d’un danger. Les rares détails viennent amplifier la béatitude déjà bien perçue : « le ciel sans aucun nuage », « drapeau vert pour la nage ». Un été sur la côte, exhale une innocence et un glamour proche des créations de David Hamilton. On note une maîtrise de la lumière : « fin d’après midi », un décor idyllique de paradis perdu ; on est hors du temps : « air des années 30 et trente glorieuses…, devant un amour éthéré : « un baiser sur le sable ».

L’esthétique épurée des deux textes me rappelle le procédé des Haïkus dans lesquels les mots captent une réalité banale, quotidienne. Ici, surgit une plénitude qu’on aurait pu ne pas prêter attention. On ne retrouve pas les tercets de 3 vers de 5, 7 et 5 syllabes du Haïku, mais on saura retenir une brièveté dans les expressions dépourvues de verbes, de fioritures et une notion de saison (le kigo) donnée par le titre « un été ». « Un air de jamais vu » (ou « je regarde la mer » dans les Joggers…)  fait ressentir un désir de nous montrer autrement la réalité, de rendre nouveau ce spectacle quotidien. Le comportement de la mer et le mouvement des vagues, nous offrent quant à eux une lucidité sur notre réalité. « Son onde lancinante » sert de métaphore pour évoquer les relations amoureuses. Tel un rouleau, l’amour passé en appelle un autre. Le texte s’achève sur cette image ni bonne, ni mauvaise et non sur le constat candide : « ainsi soit-elle/la vie est belle »( et vis et versa),

mais qui nous conduit  toutefois sur le chemin de la sagesse ; le texte nous ouvre à une attitude d’accueil. (Plus tard, B.Biolay nous apprendra à voir différemment mais par le biais d’images plus hallucinantes ou électriques.)

Cette vue séraphique se retrouve dans Les cerfs-volants et La Palmeraie.

 

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2 août 2012

La monotonie et l'observatoire:

 

 

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La Monotonie a deux particularités par rapport à Novembre toute l'année et L'observatoire ; la première repose sur sa musique qui est en rupture avec le thème. Nous avons ici une musique plus rythmique et vive. Je n’en dirai pas plus car je suis « béotienne » pour reprendre un terme de Les Insulaires. Je ne chercherai donc pas à dissimuler mon ignorance en matière musicale derrière des termes pompeux mais nullement maîtrisés ; vous comprendrez pourquoi je ne m’attache qu’à l’auteur et très peu au compositeur de renom ! L’autre particularité par rapport à Novembre tout l’année, et l’Observatoire, est l’absence de refrain ; on note par contre la répétition de deux vers qui résume l’ensemble et définit le titre : «c’est la monotonie/c’est juste un va-et-vient ». En même temps, vous pourriez me dire que l’absence de refrain se remarque à peine car dans les autres textes (excepté peut-être dans Les joggers sur la plage), couplets et refrains sont confondus dans le même rythme et nul « roulement de tambours » ne vient les annoncer. C’est une des caractéristiques de l’album que de raffermir le désir d’équilibre à l’intérieur d’un ensemble monocorde. (L’album est lisse, en surface, n’est-ce pas ce que recommandent les us et coutumes de la Présidence !)

 

L’architecture du texte se divise en sept quatrains de six syllabes. Six couplets alternent deux mêmes rimes selon le schéma abab.

Le quatrième couplet se distingue des autres par ses rimes différentes et les deux figures de style diamétralement opposées:

« Le tonnerre à tonné » et « le soleil inonde » ; la tautologie et l’oxymore            (inonder signifie recouvrir d’eau (puis par extension, envahir)) servent momentanément d’électrochoc et les deux vers viennent dynamiser l’électrocardiogramme plat de l’ensemble. Mais le dernier vers  signe l’arrêt cardiaque et le couplet suivant renchaine sur « c’est la saison des pluies » et les rimes similaires. Sons et sens se complètent et au « va-et-vient » des rimes répond le va-et-vient de l’ennui.

 On relève un champ lexical de l’eau (imperméable, indigo délavé, pluies, gouttière).  L’eau est un élément qu’affectionne tout particulièrement B.Biolay et dernièrement on a entendu : « pourquoi tu pleures » et « l’eau claire des fontaines est faite de larmes…). L’eau par la dualité du symbole trouve son rôle dans la dualité de la poésie. L’eau est l’élément qui génère à la fois la vie et la mort. Dans la tradition chrétienne, Dieu est assimilé à une pluie de printemps, à une source ou à une eau claire. Elle est sagesse et spiritualité mais aussi châtiment car elle est l’eau du déluge qui punit les hommes. On détache aussi un autre registre de prédilection, celui qui se rapporte au temps : un va-et-vient, saison, décompte, le temps, du lundi au lundi, un dimanche sans fin. Ces thèmes, je les ai déjà développés dans « Quelque part entre R.K. et La Superbe » et c’est la raison pour laquelle, je ne m’étendrai pas davantage.

 Enfin, on remarquera l’usage répété (9 fois) du présentatif « c’est ». Dans ce premier album, B.Biolay use régulièrement de tournures présentatives « c’est » ou « il y a » et ceci révèle une écriture qui n’est pas encore encrée dans le personnel et l’intime. Le « je » que je qualifierai de « première personne singulière » est en retrait et se dissimule ainsi derrière une conscience anonyme, une saison, l’Amérique et Rose Kennedy. On est encore loin d’une écriture profonde et secrète, significative de A l’origine, de Trash Yéyé ou de La Superbe.

Pour l’instant, revenons à nos présentatifs. Ces derniers introduisent un point de vue : un énonciateur, grandement masqué, perçoit, pense et présente une entité.

« C’est la monotonie » amorce le premier couplet ; « c’est » est « pseudo-anaphorique » en ce sens qu’il présuppose quelque chose qui est à l’origine de l’évaluation et qui sera dit explicitement dans le couplet suivant : «  La vie (…) C’est la monotonie ». Il est « pseudo-déictique » car il désigne un énonciateur (anonyme) et un destinataire (« toi » sous-entendu toutes oreilles attentives) et enfin « cataphorique »  en renvoyant à tout ce qui suit : « Dieu ne connaît plus les siens/L’indigo vire au gris…La gouttière fuit … », sortes de garantie du constat.

Dans La Monotonie et L’observatoire, le sujet de conscience n’est pas authentifié mais il souffre d’empathie et une complicité se forme avec le « tu » et le  « nous ». Il est celui qui a vu et a su en premier. N’est-ce pas une des fonctions du poète que celle de révéler les profondeurs des émotions et les réalités obscures de l’univers ? D’ailleurs, l’observatoire (sans doute inspiré de l’observatoire naval des Etats-Unis) peut symboliser la demeure du poète, être énigmatique qui pressent la mort dans le temps qui passe, qui évolue « là-haut » entre ciel et terre. Cette conscience du temps « qui nous précède » est sans doute à l’origine de l’humeur mélancolique du poète. De l’observatoire, de la connaissance, il révèle un ailleurs possible « sur l’autre rive…pas un radeau qui ne dérive » mais le sombre constat initial l’emporte. Une résignation s’installe et dans La Superbe, on notera même un contentement passif : « on reste Dieu merci à la merci ».

Pour finir avec ce texte, je noterai de nouveau ici une composition équilibrée basée sur deux fois deux couplets intercalés d’un refrain. Ils ont tous quatre vers ; les couplets reprennent une seule rime et le refrain, deux. Il règne toujours un accord entre la sobriété métrique et la limpidité phonique qui servent bien la passivité de la conscience.

 

La prochaine fois, j'aborderai les chansons qui offrent une vue sur le bonheur : La mélodie du bonheur, Les joggers sur la plage, Un été sur la côte, les cerfs-volants et La Palmeraie.

A bientôt...

2 août 2012

Novembre toute l'année

 

 

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Novembre toute l'année:

se divise en deux parties de deux couplets suivis d’un refrain. Couplets et refrain comprennent tous quatre vers de 4 à 8 syllabes et riment d’après le schéma aabb pour les couplets. Déjà le schéma d’ensemble crée une langueur, une mélancolie légère que les homophonies en [ã] viennent renforcer : « pente, absente, novembre, sens, pense, blanc ».

Ensuite, on s’aperçoit que toute activité, tout mouvement semblent rejeter comme le sous-entend l’absence de verbes d’action. Le texte est construit sur des phrases nominatives agrémentées deci delà, du présentatif « c’est », du verbe d’état « être » et de deux verbes liés de pensée « je pense », « on ressasse ». Le verbe « passer » quant à lui renforce le mouvement incessant (passer sans se pauser), monocorde et monotone du temps. Les répétitions du refrain auront les mêmes portées.

Le refrain est bâti sur un chiasme, figure de rhétorique reposant sur un croisement de termes : « novembre toute l’année

                              Toute l’année c’est novembre »,

puis sur deux vers identiques :

                  « le ciel est blanc

                     le ciel est blanc » sur quoi vient se greffer une précision à connotation négative « blanc cassé ».

Ce texte épuré et carré  reflète une impression de prison que le lexique développe ; ainsi, se dresse devant nous un pavillon recouvert de briques, de lierres sur quoi tombe la pluie et pour enrober le tout, un ciel chargé qui n’appelle aucune élévation.

Couplets, refrain qu’on aurait du mal à identifier s’il ne reprenait pas le titre, se jouent sur une mélodie lente et continue qui accompagne bien la passivité humaine face au constat inéluctable que l’homme est englué dans un présent perpétuel, étayé par le présent de l’indicatif.

On se rend compte déjà qu’il existe un accord parfait entre métrique, son, lexique et syntaxe et on ne cessera de le confirmer dans cet album et les suivants. Je ne crois pas que ceci relève d’un curieux hasard mais bien d’un travail acharné.

Pour poursuivre cette correspondance « symétrie des vers et mélancolie », je vais fureter sous les vers de La Monotonie et de L’Observatoire.

 

2 août 2012

Rose Kennedy: introduction

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                                                            Rose Kennedy

                         

 

Ce premier album, comme l’indique son titre, évoque la grande famille Kennedy ; Rose incarne l’emblème suprême et l’autorité de ce clan. Ces membres ont le désagrément d’appartenir davantage à une tragédie qu’à une dynastie. Ils appartiennent au pouvoir, ils sont illustres mais sont voués au malheur, car ils semblent aux prises des griffes acérées d’une volonté supérieure. La mort précipitée est le sort assigné aux hommes. C’est sans doute la raison pour laquelle l’album prend souvent des caractéristiques d’une pièce de théâtre lorsque surtout sont rapportés les monologues de ces « héros ». D'ailleurs, cette famille où s’entremêlent les passions amoureuses et tumultueuses, où l’univers baigne dans la cruauté des drames, est, ma foi, digne d’une tragédie. Un certain nombre de chansons se rapportent explicitement à Rose et à ses deux fils aînés. Un texte, de mon point de vue, semble avoir du mal toutefois à se positionner et son caractère particulièrement complexe me donnerait presque envie de le rattacher à l’album A l’ origine ; il s’agit de Sous le soleil du mois d’août. Dans  Quelque part entre Rose Kennedy et La Superbe , je me suis focalisée sur l’aspect symbolique de l’ombre qui m’a conduite à renoncer, fort naïvement, à l’expression suivante « vivre dans l’ombre de quelqu’un », c’est-à-dire vivre dans l’entourage et la dépendance de quelqu’un. Si l’on s’arrête à cette définition, alors on découvre ici trois identités dont la prédominante brillerait sous le soleil du mois d’août ; mais pourquoi ce mois-ci et pourquoi ce titre? On sait que Rose est une fervente catholique et août est le mois du cœur immaculé de Marie, lui-même uni au Sacré-Cœur du Christ, qui, ici, serait symbolisé alors par« le soleil ». Par extension, je ferais bien ainsi sortir de l’ombre : Jésus, Rose : « une ombre » et le prêtre qui prêche la bonne parole : « l’ombre qui vit dans votre ombre m’a tellement parlé de vous ». La chanson  serait ainsi à classer du côté des confessions de Rose et de son affiliation religieuse. J’ajouterai que le respect pour sa piété est nettement rendu dans l’album, notamment dans la manière sereine d’évoquer la mort. Mais je reviendrai ultérieurement sur ces points.

Ces textes que je qualifierais de « puritains » en côtoient d’autres qui seraient, quant à eux, davantage « païens ». Faut-il considérer alors la famille Kennedy, comme une allégorie de la tragédie humaine ? Tragédie qui est la trame des albums d’où éclatent sans cesse les thèmes du temps qui passe, de l’ennui, des désillusions, des déceptions amoureuses, de la jalousie… Outre Dallas, le fléau a lieu « quelque part sur terre » car partout on croise son chemin ; l’homme est en danger du fait de sa naissance dorée ou pas; naître c’est déjà mourir, « c’est toujours le même film qui passe », « chacun se bâtit son futur/et va de ratés en ratures ». L’existence est une mouvance contrôlée, que l’on se déplace sur l’échiquier de la Maison Blanche ou d’un pavillon. Les lieux renferment un aspect inquiétant. D’emblée, l’album nous plonge dans un univers fort délimité, tel le lieu de prédilection pour les tragédies, lieu qui pousse à vouloir fuir : « un pavillon de brique du lierre ». Le champ lexical de l’emprisonnement est redondant : « impasse, toute l’année »  et se retrouve dans tout l’album : « dans votre ombre », « sous le soleil du mois d’août », « dans les cèdres, sous l’azur, dans la plaine ». Le moi est enfermé dans un huis clos : dans un novembre éternel (mois où J.F.K. fut assassiné », dans un « va-et vient » perpétuel, dans les nuits longues. Pour renforcer cet état de claustration, sont convoqués parallèlement des paysages extérieurs se composant de tout ce qui permettrait, à l’inverse, de s’esquiver: le large, l’eau, la mer du Nord, un sous-marin, l’autre rive, la Palmeraie, la mer, les vagues et ses rouleaux, la côte, un voilier, un yacht. L’existence d’un ailleurs est envisageable. Le problème est de savoir quand il sera possible d’y accéder car on remarque que le rapport au temps est fort complexe. On rencontre un âge d’or qui se rapporte au passé et à une perception du futur ; le présent ressemble quant à lui à un novembre perpétuel ou à une période de vengeance, de mensonge « comme c’est dommage, je m’en vais-je mens » (l’homophonie n’est pas anodine). Le présent n’est que déception : « les roses et les promesses/Un beau jour se fanent » et tout ceci se confirme plus loin dans La Palmeraie, à l’approche de la mort : « les roses ont fané/Les promesses oubliées ». Dans un été sur la côte, la vie est belle mais « l’amour indicible est certes périssable »…

La vue d’ensemble étant achevée, je vais m’approcher de plus près des textes, les décortiquer en m’attardant sur la métrique, les rimes, le lexique et la syntaxe et voir comment leur cohérence ou leur rupture va traiter cette tragédie.  Rose Kennedy est l’album que j’ai très peu abordé dans Quelque part entre R.Kennedy et La Superbe, aussi, j’ai voulu  rattraper cette injustice en étudiant les textes de façon quasi-linéaire (il en sera différemment  pour les autres albums déjà largement évoqués dans le précédent blog). Pour ce premier album, je commencerai par le texte d’ouverture auquel je joindrai La monotonie et L’observatoire.

29 juillet 2012

De la composition des albums

 

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Je ne sais pas pour vous, mais lorsque je découvre un très bon album, je le passe en boucle jusqu’à en être complètement rassasiée. Le problème rencontré avec ceux de B.Biolay, c’est qu’une fois l’écoute achevée, ils continuaient à jouer dans ma boîte crânienne ! Avant de lancer de telles confidences, je devrais demander à mon médecin de famille la confirmation de la bonne hygiène de mon état mental ! Non, je ne souffre pas de troubles bipolaires et je ne prends pas de produits illicites ; toutefois, je persiste à croire que ces textes s’animent une fois les CD rangés dans leur boitier ! Les mots, sans orchestration, semblent me  jouer une nouvelle musique et titillent ma curiosité illimitée. Je pensais qu’après mes recherches pour Quelque part entre Rose Kennedy et La Superbe, j’allais trouver une quiétude ?! Et bien non ! Et chaque jour, je me surprenais davantage à annoter les pochettes des albums. Je crois que tout simplement j’avais envie de lire du Biolay et ça indépendamment de mes rendez-vous sonores avec l’artiste. Alors je vais étudier chaque album, chaque texte avec ma sensibilité, ma subjectivité et ma fantaisie et je tenterai de concentrer, une nouvelle fois, mes impressions ressenties et mes informations recueillies. Chaque album renferme une atmosphère très spéciale. Ils se distinguent les uns des autres mais ne sont nullement indissociables ; c’est juste qu’ils évoluent avec leur auteur dont la singularité est d’être dans une perpétuelle quête esthétique. D’ailleurs, pour respecter la singularité de chacun, je m’emploierai à les étudier différemment. Autant je m’attacherai à la forme régulière et sobre du premier, autant je me concentrerai, je pense, sur les extravagances poétiques des autres. Les albums sont à la fois en rupture et en continuité. Trêve de généralités et apprêtons-nous à pousser de nouvelles portes...

 (Lien de Quelque part entre Rose Kennedy et la Superbe:

 http://louisanna.canalblog.com/)

                     

 

29 juillet 2012

Sur les traces d'une poésie libérée

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 Je jette une nouvelle fois mon encre sur ces pages encore désertes afin de toucher et d’animer un tout autre rivage de l’univers plantureux de B.Biolay. Certains vont me dire que tous ses albums ne réclament aucune once d’explications pour être apprécier à leurs justes valeurs ! Et, je répondrai qu’ils ont pleinement raison ; et comme eux, j’aime me laisser imprégner de l’envoûtement naturel de ses chansons. Mais alors, pourquoi ces blogs, me rétorquerez-vous ? Me serviraient-ils à assouvir un désir narcissique, me seraient-ils utiles à répandre une vision colonisatrice de l’artiste, et j’en passe. Mais je réfute tous les mauvais prétextes. Dans mes réflexions que je qualifierais laconiquement d’intuitions raisonnées, je ne prêche aucune vérité œcuménique en faveur de B.Biolay. Cependant, si j’avais une prétention à embraser, ce serait de réveiller une problématique : ne ressentez-vous pas une profonde vibration qui s’échappe de ses textes, une aura particulière qui les auréole ? Ne remarquez-vous pas que cette singularité sibylline ne se rencontre que chez très peu d’artistes ? Et bien oui, B.Biolay ne s’aventure pas sur les chemins ordinaires de la chanson populaire et comme un certain nombre d’auteurs, il a su bouleverser la chanson française en refusant le prêt-à-chanter ! Aussi, comme je ne souhaite pas m’arrêter à ce simple constat, je m’en vais, de ces tapotements de clavier, justifier cette déclaration ! Attention, tout ce qui va suivre ne renferme que mes fantaisies personnelles ; elles vous contenteront ou vous indisposeront mais quelle importance. L’essentiel est qu’elles suscitent ou nourrissent une curiosité dans un coin de votre esprit. Chacun pourra ensuite s’en détacher afin de suivre sa propre aventure. Je veux juste dresser un tremplin mais c’est à vous que reviendra le grand saut !

 

En aparté, je souhaiterais me présenter sommairement. Ma véritable identité importe peu. Louise Anna est un pseudonyme que j’ai utilisé la première fois pour mon tout premier concours de poésie, il y a 18 mois. Désormais pour préserver l’anonymat des concours, je fais comme tous les autres participants, j’invente un banal code constitué de chiffres et de lettres et je ne cherche plus de jolis noms de plume. Quoi qu’il en soit, j’ai conservé Louise Anna pour mes publications sur internet car j’affectionne tout particulièrement ce pseudonyme qui n’est autre que les prénoms de ma grand-mère paternelle que je n’ai jamais connue. Elle s’appelait Louise mais comme elle détestait ce prénom, elle avait exigé d’être appelée Anna, son second prénom. Ce dernier peut me donner un faux-air de fan midinette, mais j’assume. Louise Anna s’est imposée à moi comme une seconde appellation naturelle et je ne chercherai pas à m’en défaire.

Je suis donc poétesse à temps plein durant mes heures perdues et éperdues. Mon domaine de prédilection se cache avant tout sous la poésie classique, néo-classique et le ronronnant alexandrin ! J’aime mettre mon imagination en compétition avec cette forme fixe et austère. S’exercer à la poésie classique renferme un avantage ; en effet, la rigueur et les contraintes de la versification française  permettent de s’écarter d’un certain verbiage et de canaliser tout enthousiasme débordant. Je participe régulièrement à des concours littéraires afin de parfaire et de mesurer mon travail et accessoirement pour remporter quelques jolis prix encourageants ! La prochaine étape : les maisons d’édition…un jour, peut-être. Voilà, ma présentation est enfin achevée.

 

Depuis mon précédent blog  Quelque part entre Rose Kennedy et La Superbe, je m’époumone à proférer que B.Biolay est un poète ! Dès à présent, je vais approfondir cette assertion. Pour cela, je vais scruter son écriture et essayer de saisir comment se fait-il qu’en partant d’une langue universelle, B.Biolay (comme un certain nombre d’auteurs) a su créer un langage atypique pendant que d’autres se sont engouffrer dans un « artisanat » commun. B.Biolay sait s’individualiser à travers son écriture qui, au service de ses émotions, devient le porte-parole d’une humeur énigmatique. Son style a métamorphosé le langage ordinaire ; il n’hésite pas à manier et cogner la langue. Il a toujours imposé son style mais imposer c’est prendre des risques et il en a particulièrement pris avec deux albums A l’ origine et Trash Yéyé, de loin mon préféré.

B.Biolay est pour moi le poète aux mille et une facettes. Attention, je dis poète et non versificateur ou artisan de rimes ! Il manipule aussi bien le haïku épuré que l’extravagance verbale. Il n’est pas un auteur dicté par une influence en vogue ; il évolue en solitaire ou presque pour tendre à son œuvre. Je dirais qu’il penche pour une écriture profane, profane au sens très général, c’est-à-dire qui n’appartiendrait à aucun ordre.

Brièvement, je voudrais aborder les notions de poésie et de poète. Spontanément si l’on nous demandait de définir la poésie, je suis sûre qu’on tournerait le regard sur la gauche pour rechercher dans nos souvenirs et l’on en extrairait péniblement les notions un peu flou de rhétorique, rimes, syllabes. Les plus acharnés en arracheraient douloureusement les termes de césure, hiatus, diérèse, enjambement, rejet…

Maintenant si l’on nous demandait de décrire un poète-type, on dirait immédiatement : maudit ou vieux si ce n’est mort !

Je crois qu’il serait bon d’oublier un instant ses préjugés et ce que l’on a appris sur la poésie et les poètes pour envisager une poésie toute différente, libérée des contraintes d’autrefois sans toutefois perdre la notion magique de cet art. La poésie dont je vais vous parler ne répond pas aux codes d’antan mais elle s’épanouit librement et de façon strictement personnelle chez notre artiste.

Qu’est-ce que la poésie si ce n’est qu’une écriture particulière pour révéler le monde, pour susciter des interrogations, pour répandre des émotions, pour éparpiller une part trop oppressante de soi, pour espérer atteindre l’immortalité…

Le poète, tel que je considère B.Biolay, est un créateur composant sans les contraintes d’un code qui exigerait un modèle obligatoire. Il existe désormais tout un panel de versifications et chaque auteur usera de la sienne selon son gré. En fait, je ne réinvente pas une nouvelle façon de définir la poésie ; en somme, je reviens juste à ses origines. Il fut un temps où le vers était défini par son nombre de syllabes et ses rimes mais il y a eu une période où suffisaient les homophonies phoniques. Qu’est-ce que la poésie des troubadours si ce n’est un canevas où étaient mélangés différents modèles de vers aux rimes différentes ; aujourd’hui, les troubadours ont disparu mais les chanteurs ne cessent de muter. Ce que l’on appelait rondeau, ballade…  pourraient très bien s’appeler aujourd’hui chansons.

Je n’avance pas que B.Biolay est le seul artiste qui révolutionne le monde de la chanson. On pourrait d’ailleurs remonter aux trente glorieuses et commencer par évoquer Trenet qui, influencé par les surréalistes, a imposé ses fantaisies outre sa sensibilité. Comment ne pas évoquer la maîtrise de la syntaxe et du lexique de G.Brassens, la révolte et la sensibilité de J.Brel, les élans lyriques et l’ironie de L.Férré ; comment ne pas citer B.Vian, S. Gainsbourg, Bergman et Bashung, E.Daho, A.Souchon, G.Roussel, J.Doré…et j’en passe. Ils ont tous un point commun : ce sont tous des poètes affranchis qui ont  la particularité de donner une force supérieure et une valeur esthétique au langage de tous les jours.

 

 

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B.BIOLAY ou le grand NON du prêt-à-chanter!
  • Sur les traces de la poésie transcendante de B.Biolay à travers l'écho de son orchestration de la métrique, des rimes, de la syntaxe et du lexique. Carnet de bord fantaisiste sur la richesse de ses textes et de leurs trésors enfouis.
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